Dans mon interview de Forbes France du mois dernier sur « Les écosystèmes business : une réponse à la crise ? », reprise en commentaire par Business First, je partage les grands principes des écosystèmes business. Pourquoi apportent- ils une solution à la crise actuelle et comment les entreprises peuvent s’en emparer pour relancer ou faire évoluer leur activité. J’y évoque aussi très brièvement les étapes incontournables qui permettent de les constituer. Je souhaitais revenir plus en détail sur ces 8 étapes qui me semblent essentielles pour construire un écosystème business viable, performant et créateur de valeur et faciliter l’approche de cette solution pour les entreprises intéressées.
- Comprendre la complexité et saisir l’opportunité que présente les écosystèmes. L’objectif est de créer de la valeur pour tous les participants de l’écosystème et de gagner ensemble de nouvelles parts de marché. Il ne faut donc pas se limiter à ses propres contraintes où à la protection de ses lignes de produits. Il faut mobiliser différents participants qui collectivement vont permettre d’adresser les attentes des clients dans un parcours expérientiel bout en bout que vous n’êtes pas à même d’adresser seul.
Un écosystème peut donc inclure des clients, des non-clients, des fournisseurs, des distributeurs, des partenaires technologiques, des investisseurs, le secteur public telles que par exemple la recherche publique fondamentale ou encore les collectivités, des industriels et même des concurrents…
2. Assesser les caractéristiques et les tendances du marché : S’assurer que le ou les problèmes que vous cherchez à résoudre sont clairement identifiés, qu’ils justifient un tel investissement ou une telle approche, que la proposition de valeur est issue de frictions existantes et que la réalité du marché s’inscrit dans votre idée d’écosystème.
3. Capturer la valeur recherchée par l’écosystème : cette valeur peut être de développer la croissance de votre activité principale, d’accélérer la compréhension client et sa transformation, d’élargir votre réseau, de générer des ventes auprès d’un éventail plus large de consommateurs ou de construire une solution qui répond à des attentes clients tout en améliorant votre efficacité opérationnelle.
4. Identifier et cartographier les points de contacts incontournables dans le parcours clients. A ce stade il est nécessaire d’évaluer l’impact sur la chaine de valeur et les bénéfices associés pour les clients et votre écosystème.
5. Définir la gouvernance et son fonctionnement. Définir un operating model qui formalise la dynamique de l’écosystème et identifier le rôle (leader, disrupteur, player…) et la place de chacun sont critiques pour sa réussite. Chaque participant doit trouver sa place dans l’organisation; celle incontestée qui permettra à tous de prospérer. Le challenge est de mettre en place une gouvernance collectivement décidée et un cadre de fonctionnement et d’engagement qui n’est pas un cadre légal avec les process organisationnels habituels. A cette étape, il faut aussi prévoir de définir la ligne budgétaire, le partage des coûts et les principes de co-innovation.
6. Identifier le degré d’ouverture de l’écosystème. Est-il fermé ou ouvert ? Il est possible de commencer par un réseau fermé et de l’ouvrir dans un second temps. Plus il sera ouvert avec la possibilité d’intégrer de nouveaux entrants, plus la démarche sera disruptive. Mais la qualité de l’écosystème dépendra avant tous de la qualité des talents qui le composent. Mon conseil est de préférer des intrapreneurs ou des leaders avec une culture entrepreneuriale.
7. Pour les entreprises plus axées digital, s’appuyer sur une plateforme permet d’accélérer le mouvement, de multiplier les interactions, tout en les structurant. Elle offre le don d’ubiquité, l’accès à des données et donc à l’analytics permettant d’accroitre l’ensemble des insights nécessaires à l’identification des besoins clients, des tendances marché et de mieux adapter ses produits et services. Cela augmente la rapidité, facilite le passage à l’échelle et est un important driver de croissance.
8. Evaluer et anticiper les risques d’échec. Je vois trois risques majeurs qui nécessitent d’être monitorés pour être anticipés : les résistances internes de chaque organisation, notamment dans la capacité à travailler ensemble ou de comprendre l’intérêt d’une approche holistique d’un écosystème business qu’il soit ou non une plateforme, les risques liés au processus de co-innovation, tels que l’engagement de chaque entreprise dans le processus et sa capacité à délivrer dans les délais impartis. L’expansion trop rapide ou inadapté de l’écosystème. Beaucoup d’écosystèmes ont échoué car ils ont grandi trop vite. Mon conseil est de démarrer par un écosystème géographique (sur une ville, une région ou un pays), de s’assurer que les produits et services co-créés répondent à une demande marché et d’élargir l’écosystème lorsque l’on considère être capable de passer à l’échelle. Cette étape n’est pas neutre car passer à plus grande échelle rend le réseau plus attractif pour les utilisateurs mais impact directement sa gestion et son évolution.
S’associer à un écosystème permet de consolider les forces en présence, de créer des interactions nouvelles et d’élargir le champs des possibles. Les 8 étapes interdépendantes évoquées permettent de co-construire un écosystème business créateur de valeur et de designer, structurer ou transformer une industrie qui a besoin d’évoluer vers une nouvelle industrie mieux adaptée au marché et aux besoins des clients. C’est une des solutions business pour palier à une situation de crise.
Hélène Campourcy – Fondatrice de umantex