Aujourd’hui, la majeure partie des entreprises opte pour un management dit traditionnel. En effet, ces dernières placent la majeure partie des décisions dans les mains des directeurs qui de façon pyramidale vont diriger les collaborateurs.
Alors quelle méthode managériale adopter pour changer les codes ?
Isaac Getz, professeur en école de commerce et Brian M.Carney journaliste économique américain ont élaboré le mode de management libéré dans leur ouvrage Liberté & Cie. Ce mode de management vise à transformer en profondeur l’organisation d’une entreprise.
L’entreprise libérée ou management libéré vient bouleverser les schémas de management habituel en supprimant la hiérarchie afin que tous les collaborateurs deviennent décisionnaires et qu’ils aient tous des responsabilités adaptées à leur savoir et à leur fonction.
L’entreprise libérée prône ainsi l’autonomie, la confiance, la liberté, l’initiative et la responsabilité.
Cependant, ce changement peut soulever des interrogations, des craintes pour les managers. Alors comment s’opère ce changement et quel est l’impact sur la légitimité du manager ?
Transition managériale : quelles évolutions ?
Le management se veut culturellement très hiérarchique avec en première ligne de décision les dirigeants de l’entreprise et sur la deuxième les salariés qui vont exécuter ces décisions. Ce mode de fonctionnement a déjà montré de nombreux dysfonctionnements tels que l’abus de pouvoir, le manque d’engagement des collaborateurs dans la vie de l’entreprise ainsi qu’un sentiment d’inexistence au sein de l’entreprise. L’évolution de la société fait cependant bouger les choses face à la montée des niveaux d’éducation, la démotivation au travail ou encore la modification des échanges avec les réseaux sociaux.
L’entreprise dite libérée bouleverse l’ensemble de ces codes. Désormais, le management se veut moins voir non hiérarchique dans la prise de décision, un climat de confiance se crée au sein de l’entreprise ce qui permet aux collaborateurs de devenir décisionnaire au même titre que les managers lorsque ceux-ci possèdent les compétences et les clés pour prendre des décisions.
Ce mode de fonctionnement va permettre aux salariés de libérer leurs initiatives, leur potentiel et de développer leurs capacités décisionnaires afin de faire croître l’autonomisation des collaborateurs.
Afin que ce mode de management libéré soit efficace, il est très important de mettre en place des règles de fonctionnement. Chaque décisionnaire doit comprendre ce nouveau système et s’en accommoder pour favoriser la communication et les échanges afin de s’assurer de l’accord de son écosystème lors d’une prise de décision.
Évolution du management : quels bénéfices pour l’entreprise ?
Le climat de confiance et d’équité établi au sein de l’entreprise permet alors d’optimiser les performances de chaque partie prenante. Chacun des collaborateurs repense sa manière de travailler en tirant partie du gain de liberté et de responsabilisation dans leurs missions. Cette évolution managériale génère un gain de confiance et de surpassement ce qui permet de rendre chaque collaborateur plus impliqué dans les enjeux de la prise de décisions et dans les conséquences individuelles et collectives de ces dernières.
Ce nouveau type de management dit libéré dans l’entreprise repense aussi l’organisation du travail : les horaires sont réadaptés, les objectifs sont redéfinis et les congés sont réfléchis dans une démarche collective. Ce management, plus libre, implique les collaborateurs et les engage dans un esprit plus collectif afin de créer une meilleure dynamique d’équipe. Désormais le bien-être au travail est primordial pour maintenir et renforcer la motivation des salariés.
Grâce à ce type de management, on observe une accélération du développement soutenu par la mise en commun des idées, l’émulation de l’intelligence collective et une meilleure cohésion entre les parties prenantes.
L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est plus juste et plus sain. Les horaires de travail sont désormais plus adaptés à la productivité de chacun tout en assurant une cohérence avec l’ensemble de l’entreprise. Ce n’est plus l’entreprise qui impose un cadre mais l’humain qui le modèle pour s’y sentir plus épanoui. De nouveaux profils rejoignent les équipes. Les recrutements sont plus orientés sur les softs skills et sur la personnalité.
Ainsi chacun des collaborateurs est libre de pouvoir exercer une autre fonction que celle qui leur est attribuée afin de pouvoir se former, et découvrir de nouveaux horizons. Ce processus permet de faciliter les passerelles pour les collaborateurs souhaitant évoluer ou se spécialiser dans un autre domaine au sein de l’entreprise que celui qui leur est rattaché.
Les limites de l’entreprise libérée : management prometteur ou évolution perturbatrice ?
L’entreprise libérée a bien sûr des limites.
Ce changement qui peut être radical dans certaines entreprises paralysées par la bureaucratie va perturber l’ensemble des collaborateurs (salariés et dirigeants). Chacun d’entre eux a un nouveau rôle et peut avoir du mal à le comprendre, à l’accepter et à le mettre en œuvre. Dirigeants et salariés doivent faire face au changement de fonctionnement de l’entreprise ce qui peut générer des conflits et une crainte qu’il faut savoir anticiper avant d’effectuer le changement. La communication et les relations humaines sont centrales dans la mise en place d’un nouveau modèle managérial.
Certains collaborateurs peuvent mal interpréter ce nouveau mode de fonctionnement, en abusant de leur liberté pour travailler de manière passive ou encore être submergés de stress face à une organisation qu’ils n’auront pas su mettre en place.
Malgré le potentiel de ce mode de management libéré, toutes les entreprises ne réussissent pas à passer le cap à cause des changements souvent trop rapides. Ces entreprises n’ont en général, pas su mettre en place dès le départ des règles permettant de guider les collaborateurs sur ce changement, n’évitant donc pas les dérives et la désorganisation de la structure.
Le nouveau rôle du manager, entre changement et légitimité
Que devient le statut de manager ? Décisions réparties, favorisation de l’autonomie, facilité à développer les compétences des salariés… quelle posture le manager doit-il adopter en toute légitimité ? Si le manager voit ses capacités de décisions diminuées, il n’est reste pas moins un leader incarnant la vision de l’entreprise.
Le manager sera davantage un guide et se verra développer des qualités en matière de leadership pour maintenir la motivation de ses équipes ainsi qu’une dynamique au sein de l’entreprise dans laquelle le développement de l’esprit critique sera clef.
Sa légitimité ne va faire qu’augmenter puisque les collaborateurs ne le respecteront plus uniquement pour sa place dans la hiérarchie mais parce que le manager va devenir moteur et les aider à augmenter leurs performances professionnelles.
Le manager ne va pas disparaître, il devient un leader. Le contrôle et la prise de décisions ne seront plus les maîtres mots de sa fonction, au contraire il va devenir le coéquipier de ses collaborateurs en partageant son savoir-faire. Son rôle de leader l’obligera à faire confiance à ses coéquipiers, en leur capacité et en leurs talents. Il ne perd pas de son pouvoir mais il le transforme.
Le nouveau rôle du salarié
Et le salarié dans tout ça ? Quelle projection peut-il faire de sot statut au sein de ce nouveau schéma hiérarchique ? Grâce à cette nouvelle façon de travailler, le salarié ne se sentira plus exclu de la prise de décision, ses nouvelles responsabilités lui permettent d’être désormais plus autonome, plus décisionnaire et plus impliqué dans l’avenir de l’entreprise.
Ces missions resteront donc les mêmes, mais en ayant davantage de libertés comme la gestion de son temps de travail permettant l’augmentation de sa productivité. Au sein de l’entreprise il sera donc plus impliqué et plus entendu, générant ainsi un gain de confiance en soi et en son travail source de motivation et d’implication.
L’ensemble de ses nouvelles règles et de cette nouvelle méthode managériale permet à chaque partie prenante de se sentir considérée à la même échelle. Il en résulte alors une meilleure cohésion, une meilleure efficacité et donc une atmosphère plus propice à la réussite personnelle ainsi qu’à la réussite de l’entreprise.